Homélie de Monseigneur Jacques
Habert, évêque de Séez, prêchée le 10 janvier 2017 en la Chapelle de la Mort de
Jésus du Sanctuaire de Fatima, à l'occasion du Congrès de l'Association des
Recteurs de Sanctuaires (ARS) et de l'Association des Œuvres Mariales (AOM)
Lors de la préparation de ce pèlerinage
nous avons réfléchi sur les messes célébrées chaque jour au cours de notre
session et nous avons pensé que la première messe de ce jour d'arrivée pourrait
être la messe votive des saints anges.
Pourquoi un tel choix ? pour nous rappeler
qu'à Fatima avant même les apparitions de Marie, il y eut à trois reprises
l'apparition d'un ange aux trois enfants en 1916.
Un ange qui s'est présenté ainsi : Ne craignez pas, je suis l'ange de la paix.
L'apparition de cet ange n'est pas
évidemment le centre du message, mais est à considérer comme un événement qui
introduit l'ensemble des événements.
C'est
le ciel qui annonçait qu'un signe allait être donné, qu'un message allait être envoyé
au monde. Tel est bien l'étymologie du mot ange, l'envoyé, celui qui annonce.
Le temps de Noël que nous venons de
quitter nous a parlé des anges louant Dieu le soir de la nativité, nous
rappelant l'ange Gabriel neuf mois plus tôt à Nazareth.
Les textes de la parole de Dieu que nous
venons d'entendre sont les textes du jour. Ils nous aident ce soir à
approfondir cette compréhension de la mission et de l'identité des anges.
Dans la lettre aux Hébreux, l'auteur nous parle des anges, il essaye de les situer
dans une perspective hiérarchique. Citant un psaume : Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? Tu l’as abaissé
un peu au-dessous des anges.
Puis, parlant de Jésus, qui lui aussi a été abaissé un peu au-dessous des anges.
Dans l'évangile, il est question des
esprits impurs, et là, la hiérarchie est clairement établie par Jésus il
enseigne en homme qui a autorité. Il est confronté à un esprit impur qui connaît
parfaitement son identité : Je sais qui
tu es : tu es le Saint de Dieu.
Jésus chasse cet esprit mauvais, ce qui
provoque l'admiration de la foule. Sa renommée, nous dit le texte se
répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
Pour nous chrétiens, cette question des
anges nous révèle à la fois :
-
la grandeur de Dieu, un Dieu plus grand que ce que nous pouvons imaginer,
créateur du monde visible et du monde invisible
-
sa grandeur, mais aussi sa providence, sa proximité, sa compassion.
Lorsque Lucie parlera des apparitions de l'ange elle dira : Ces paroles étaient comme une lumière qui
nous faisaient comprendre ce qu'est Dieu, combien il nous aime et veut être
aimé de nous.
C'est ainsi qu'il nous faut accueillir
les apparitions à Fatima.
Tout
au long de notre séjour, nous allons prier, nous allons approfondir ce qui
s'est passé en ces lieux il y a 100 ans, nous aussi allons en mesurer
l'actualité pour nous chrétiens du XXI° siècle. Le pape François y viendra en
mai prochain.
Quelles que soient nos analyses nous devons tenir que ce
signe donné au monde et à l'Eglise est un signe de la providence divine.
L'annonce de l'ange en 1916 invitait les
enfants à s'y préparer.
Il y a comme un paradoxe dans le message
de Fatima avec son aspect de condamnation, sa réflexion sur l'enfer et l'idée
d'un châtiment.
Et en même temps, c’est un message qui
n'arrête pas de redire l'amour de Dieu dans toute sa profondeur. La certitude d'un
Dieu qui ne veut pas se résigner à l'ingratitude de l'homme, d'un Dieu qui
prévient l'homme que vivre sans lui c'est s'engager sur un chemin de souffrance
et d'inhumanité.
Je cite ici ce que disait le cardinal
Ratzinger en l'an 2000, il parlait d'un entretien personnel qu'il avait eu avec
Sœur Lucie : Elle m'a affirmé disait-il
qu’il lui apparaissait toujours plus
clairement que le but de toutes ces apparitions a été de faire croître toujours
plus dans la foi, dans l'espérance et dans la charité.
Si on reproche parfois aux apparitions
de Fatima de trop parler de l'enfer, il faut s'empresser de dire que l'enfer,
c'est exactement ce qui a été vécu par des millions d'hommes, de femmes, de
familles tout au long de ces barbaries communistes ou nazies du XX° siècle.
L'enfer n'était pas pour eux une vision ou une menace, mais bien plus une
réalité.
Lors des trois apparitions de l'ange à
Fatima ce qui domine c'est l'invitation à la prière et tout spécialement la
prière pour la paix.
Il dira au enfants : Attirez la paix sur votre patrie, je suis
son ange gardien, l'ange du Portugal.
Cette invitation n'a pas pris une ride,
nous devons la recevoir avec empressement dan le temps qui est le nôtre.
Alors que le XXI° siècle commence lui
aussi dans des perspectives qui peuvent nous inquiéter, recevons avec foi et
humilité le message de Marie. C'est un message de conversion, de pénitence,
mais aussi un message d'espérance et de courage.
Jésus dans l'évangile chasse les esprits
mauvais. Mettons notre foi en ce sauveur que nous avons accueilli avec ferveur
à Noël
Il peut, il veut encore chasser les
esprits mauvais de la violence, du mépris, de la guerre, de la haine.
Si nous nous abandonnons à lui il fera
de nous des artisans de paix. C'est aussi la grâce que nous demandons tout au
long de ce pèlerinage.